L’épidémie de choléra s’étend en Algérie, où deux personnes sont mortes et 46 personnes ont été contaminées depuis début août. Le manque de réactivité des autorités est aujourd’hui critiqué.
Un deuxième malade est décédé du choléra en Algérie, où 46 personnes ont été contaminées depuis début août par cette maladie qui s’est propagée à une région supplémentaire, a annoncé ce samedi le ministère de la Santé dans un nouveau bilan.
Selon les dernières analyses, “46 cas de choléra ont été confirmés parmi les 139 cas hospitalisés depuis le 7 août 2018”, a fait savoir le ministère dans un communiqué. Aucun cas de choléra n’avait été détecté en Algérie depuis 1996, tandis que la dernière épidémie d’ampleur remonte à 1986.
Le précédent bilan de l’actuel épisode, communiqué ce vendredi, faisait état de 41 cas avérés, dont un décès, pour 88 cas suspects, répartis à Alger -5 malades confirmés- et dans trois wilayas (préfectures) alentour.
46 personnes contaminées depuis début août
Un deuxième patient est décédé du choléra dans la wilaya de Blida situé à 50 km au sud d’Alger, où 25 cas sont confirmés, a annoncé samedi le ministère.
Selon lui, un cas a été confirmé dans la wilaya de Médéa et un cas suspect recensé dans celle d’Aïn Defla, toutes deux jusqu’ici épargnées. Situées respectivement à 80 et 100 km au sud-ouest d’Alger, ces deux régions sont limitrophes de celles de Blida et Tipaza à 70 km à l’ouest d’Alger, où la grande majorité des malades sont recensés.
Trois cas sont également avérés dans la wilaya de Bouira, à une centaine de km au sud-est d’Alger.
Les autorités pointées du doigt
Selon le ministère, un contrôle “a révélé la présence du vibrion cholérique” dans une source de la wilaya côtière de Tipaza, où 12 cas ont été confirmés. La source “a été condamnée” et son eau “interdite à la consommation”.
Les autorités sanitaires excluaient jusqu’ici une contamination par l’eau, indiquant privilégier la piste d’aliments mal lavés, puis une propagation par contacts au sein des familles.
L’Algérienne des Eaux, établissement public, a assuré dans un communiqué que l’eau du robinet était “propre à la consommation” et pouvait être consommée “sans crainte”, alors que des messages alarmistes appelant à cesser de la boire se sont répandus ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
Alors que des dizaines de patients souffrant de diarrhées aiguës étaient hospitalisés depuis le 7 août dans plusieurs régions, le ministère de la Santé et l’Institut Pasteur n’ont admis la responsabilité du vibrion du choléra que le 23 août. Trois jours après avoir publiquement exclu cette hypothèse. « Il paraît clair que les autorités étaient au courant bien avant cette déclaration », affirme le quotidien francophone Liberté, disant être en possession d’une note de huit pages du ministère de la Santé, datée du 22 août et alertant les autorités préfectorales et les structures de santé sur la maladie.
Le média en ligne TSA (Tout sur l’Algérie) indique, citant une source médicale, que « l’Institut Pasteur et le ministère de la Santé étaient au courant de la nature de la maladie au moins dès le lundi 20 août ». Critiqué avec le reste du gouvernement pour son silence depuis le début de la crise, le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui a répondu dimanche à ces accusations, après avoir visité un des deux hôpitaux où sont regroupés des malades.
« Une gestion chaotique » de la crise
« On ne peut pas annoncer la maladie avant le diagnostic positif, on était dans un cadre de suspicion. Dès qu’on a eu la confirmation on l’a dit », a-t-il expliqué, assurant que son ministère était « actif depuis le premier jour pour mettre en place une stratégie ».
Dénonçant des « dysfonctionnements et des zones d’ombre », TSA s’interroge : « Faut-il 16 jours pour identifier le vibrion cholérique ? » Les hôpitaux algériens « disposent-ils de laboratoires de microbiologie et des outils nécessaires au diagnostic précoce des maladies infectieuses ? Des pathogènes ont-ils été recherchés chez les patients ? Si oui, les résultats de ces analyses ont-ils été cachés ? », poursuit le média en ligne.
Le quotidien El Watan fustige de son côté « une gestion chaotique » de la crise par un gouvernement aux abonnés absents depuis l’apparition de la maladie. « Aucun des ministres concernés par cette situation, à savoir celui de la Santé, de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, ainsi que celui des Ressources en eaux, n’a daigné s’adresser à la population », s’insurge El Watan.
Pénuries d’eau
L’absence et le silence des hauts responsables du pays sont également fortement critiqués sur les réseaux sociaux, certains internautes l’attribuant au refus des ministres d’interrompre leurs congés durant la semaine largement fériée de l’Aïd al-Adha.
Partagés entre colère et ironie, les internautes notent également qu’aucune campagne publique de prévention n’a été lancée et soulignent qu’aucune rubrique n’est dédiée à l’épidémie de choléra sur le site du ministère de la Santé. Certains se plaignent des récurrentes pénuries d’eau alors que les autorités sanitaires appellent la population à se laver les mains plusieurs fois par jour…
Source: ouest-france.com et bfmtv.com