Après le Sénégal, le président chinois signe 15 accords avec le Rwanda

Après le Sénégal, c’est avec le Rwanda que le président chinois poursuit sa tournée sur le continent africain ce dimanche 22 juillet 2018. Une visite de deux jours pour rencontrer Paul Kagame, le chef de l’Etat rwandais, qui est aussi le président en exercice de l’Union africaine. Il sera grandement question d’investissements et d’infrastructures. Les deux pays ont 46 ans de relations bilatérales ininterrompues derrière eux.

Quand la Chine est accusée de ne s’intéresser à l’Afrique que pour ses minerais et ses terres arables, le Rwanda est souvent présenté comme le contre-exemple. C’est pourtant en investissant dans le secteur agricole que Pékin a mis un pied dans le pays en 1971. Mais aussi, déjà, dans la construction d’infrastructures.

Cet intérêt chinois pour le Rwanda ne s’est jamais démenti depuis lors. La République populaire de Chine n’a jamais rompu ses liens avec l’Etat rwandais, y compris pendant le génocide. A l’époque, Pékin avait d’ailleurs été accusé d’avoir livré les machettes utilisées dans les tueries.

Quinze accords bilatéraux ont été conclus entre la Chine et le Rwanda dans des secteurs clés comme le domaine hospitalier, celui du transport routier et aérien (développement du nouvel aéroport de Bugesera), du commerce électronique, ou encore dans le domaine de la culture et des sciences. Ces accords, dont les montants n’ont pas été dévoilés, représentent plusieurs millions de dollars. Ils témoignent des efforts de la Chine pour étendre son influence sur le continent africain. La cérémonie de signature de ces accords de coopération s’est tenue au siège de la présidence rwandaise.

Aujourd’hui, au Rwanda, les investissements et constructions de la Chine sont visibles partout. Des ministères aux hôpitaux, mais aussi des usines de textile, de ciment… Pékin reste le principal fournisseur de biens au Rwanda, c’était encore vrai au premier trimestre 2018, ce qui a pu rendre l’économie rwandaise dépendante des variations de la monnaie chinoise.

En revanche, le Rwanda n’exporte que peu vers la Chine. Si en 2014, la Chine représentait 20% des importations au Rwanda, elle ne représentait que moins de 5% des exportations rwandaises. Mais selon un rapport de la Banque mondiale (2016), ces chiffres restent sujets à caution.

L’organisation de Bretton Woods avait constaté qu’à l’époque, Kigali déclarait avoir exporté 8 millions de dollars de biens en Chine, mais que sur la même période, la Chine affichait un montant plus de dix fois supérieur pour ses importations rwandaises : près de 92 millions. Essentiellement du coltan et du tungstène, les principaux minerais d’exportation du Rwanda, notait ce rapport.

« Le Rwanda a une politique de made in Rwanda pour encourager la production nationale – et d’ailleurs les investissements chinois nous aident puisqu’il y a des industries qui sont financées par la Chine, par exemple les industries textiles, indique Olivier Nduhungirehe est le secrétaire d’Etat rwandais chargé de la coopération. Cette politique de made in Rwanda pour rééquilibrer la balance commerciale est une politique générale qui ne s’adresse pas seulement à la Chine. Et donc bien sûr, par ces échanges économiques et aussi par une politique africaine qui tend vers la zone de libre-échange économique, le Rwanda et l’Afrique ont l’intention de développer et promouvoir le commerce pour réduire notre déficit commercial. Et donc que le Rwanda exporte beaucoup plus de produits en Chine est un objectif. »

Le président chinois XI Jinping ne devrait pas avoir beaucoup de temps pour découvrir le pays. Il devrait se cantonner à Urugwiro Village, la présidence rwandaise. Avec au menu, une rencontre bilatérale, des discussions et surtout la signature d’une quinzaine de contrats et projets, des infrastructures, hôpital, routes, transport aérien, commerce électronique, coopération culturelle et science, visa diplomatique.

Mais l’objectif du Rwanda n’est pas qu’économique. L’idée, c’est aussi de rapprocher les deux pays. « Il y a aussi une volonté de mettre sur pied ou bien de renforcer people-to-peole exchangers, c’est-à-dire des relations entre les Chinois et les Rwandais et cela va bien sûr dans le renforcement culturel, des voyages entre les deux pays. On est en train de discuter avec nos partenaires chinois sur des vols de Rwandais à Guangzhou [Canton, ndlr], on espère à partir de février 2019. Donc les realtions ne s’arrêtent pas au partenariat économique, il y a aussi ces échanges culturels entre les deux peuples », souligne Olivier Nduhungirehe, le secrétaire d’Etat rwandais chargé de la coopération.

Pas de conférence de presse à la sortie. Deux déclarations qui seront lus, avant que le président chinois ne s’envole pour l’afrique du sud. Il sera remplacé à Kigali par le premier ministre indien qui arrive lui ce lundi soir.