Son parti porte un joli nom Alliance pour la République. Macky Sall porte cette envie d’un renouvellement du champ politique sénégalais. Durant la campagne présidentielle de 2012 la majorité de la population l’a jugé sincère et l’a élu à la présidence de la République pour rompre avec la monarchie républicaine instituée par son prédécesseur, Abdoulaye Wade, qui voulait introniser son fils, Karim Wade.
Déjà en 2012, Macky Sall avait promis de renforcer la démocratie et restaurer la séparation des pouvoirs. Il promettait d’être au contact de ses concitoyens, de passer du temps avec eux, d’être à l’écoute de son peuple. Cela correspondait, et cela correspond toujours, à ce qu’attendent majoritairement les Sénégalais de leur président.
Mais, très vite, ses déclarations ont montré qu’il allait prendre une toute autre direction. Notamment quand il a assuré que les marabouts, ceux que l’on appelle les «Régulateurs sociaux», étaient des citoyens comme les autres quand ils ont le pouvoir de peser sur l’opinion publique, rassemblant le peuple, apaisant des tensions ou mobilisant les citoyens.
Depuis son élection, Macky Sall nous replonge un peu dans la vie de Jupiter, le dieu de l’antiquité au pouvoir suprême, placé au dessus des hommes et des femmes ordinaires. Des signes l’on montré dès le jour de son investiture, le 02 avril 2019. Il avait choisi le Centre des Expositions flambant neuves de Diamniadio le premier symbole de ses rêves de son fameux projet le Sénégal Émergent. Devant ses homologues africains, il lui a été remis le collier de grand-maître de l’Ordre national du Lion. À travers une succession d’images, il a voulu montré qu’il était le roi, le maître des maîtres.
Cette image qu’incarne le président sénégalais n’a rien de différent avec celle de Jupiter. On peut même dire qu’au Sénégal nous avons notre Jupiter, à l’image d’Emmanuel Macron, qui voulait remettre de la distance entre le peuple et le président de la République française. Selon le dictionnaire Larousse «un président jupitérien serait donc un chef de l’État qui tient de Jupiter le dieu romain qui gouverne la terre, le ciel et tous les autres dieux et a le caractère impérieux, dominateur». C’est exactement ce qui se passe au Sénégal. Macky Sall a ainsi marqué par le début de son deuxième mandat par une accélération de ses réformes sans se soucier de demander l’avis de ses concitoyens sénégalais. « Quand on aspire à l’émergence et qu’on est tenu par l’impératif du résultat, l’urgence des tâches à accomplir requiert de la diligence dans le travail » affirme-t-il lors de son investiture. Mais il finit par « J’engagerai donc sans tarder des réformes en profondeur, visant à simplifier et à rationaliser nos structures et à réformer nos textes là où c’est nécessaire ».
La suppression du poste de Premier ministre, pour la première fois depuis 1960, montre bien que Macky Sall veut concentrer tous les pouvoirs. Aujourd’hui, on ne peut que constater de Macky Sall détient un pouvoir exécutif absolu. Il fixe le cadre, donne la marche à suivre, avec une certaine allure et autorité, sans que cela soit discuté. Un indice concret de cette concetration des pouvoirs est l’incarcération de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, depuis le 17 mars 2017, dont ses avocats dénoncent l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Invité au G7 de Biarritz cet été, il avait l’occasion de prononcer sa grâce. Au lieu de cela il a affirmé : «La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. […] Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire ». Il se présente comm seul maître du destin de Khalifa Sall. Sa réponse montre qu’il est en prison par sa « volonté et son désir ». À cela s’ajoutent les interdictions de manifester qui est quelque chose de nouveau dans la République sénégalaise et qui répond à un acte anticonstitutionnel.
Malheureusement, de par sa posture de président et de son positionnement jupitérien, Macky Sall est quelqu’un de reclus sous les dorures du palais de la République, loin des préoccupations des Sénégalais.