COURSE A L’ARMEMENT NUCLÉAIRE ? Les Etats-Unis sortent du traité de désarmement

Ce traité avait été signé pendant la Guerre Froide entre les États-Unis et la Russie. Sa fin risque de relancer la course aux armements balistiques, a déploré le secrétaire général de l’ONU. Les Etats-Unis espèrent profiter de la fin de ce traité pour moderniser son arsenal.

C’est désormais officiel : les Etats-Unis sortent ce vendredi du traité de désarmement INF, accusant la Russie de l’avoir violé pendant des années. « Le traité INF nous a été utile, mais il ne fonctionne que si les deux parties le respectent », a indiqué récemment le nouveau chef du Pentagone, Mark Esper, devant les élus du Sénat.

Le 1er février, les Etats-Unis avaient lancé la procédure de retrait de cet accord bilatéral signé pendant la Guerre froide, procédure qui s’étend sur six mois. Le président russe, Vladimir Poutine, a lui aussi, ratifié en juillet la suspension de la participation de la Russie.

Faute d’évolution, le retrait des deux pays provoque donc la fin du traité INF, qui, en abolissant l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5.500 km, avait permis l’élimination des missiles balistiques SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe.

Regrets de l’ONU

« Le monde va perdre un outil précieux contre la guerre nucléaire », a regretté jeudi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Cela va probablement renforcer, et non affaiblir, la menace posée par les missiles balistiques ».

Même si les Européens ont exprimé leurs inquiétudes sur le risque d’une nouvelle course aux armements en Europe, l’Otan a approuvé officiellement la position américaine, invoquant le missile russe 9M729 qui, selon les Occidentaux, viole le traité INF. Moscou dément, insistant sur le fait que son nouveau missile a une portée maximale de « 480 km ».

De fait, la mort du traité INF arrange bien les Etats-Unis, comme le notait le mois dernier l’ancien ministre américain de la Défense, Ash Carter. « D’un point de vue militaire, et non politique, ce n’est pas si mal que ça », remarquait-il lors d’une conférence au centre d’études Council on Foreign Relations. « On pourrait faire bon usage de ce que nous appelons une frappe conventionnelle rapide ».

Modernisation de l’arsenal

En fait, le Pentagone se réjouit de pouvoir moderniser son arsenal pour contrer la montée en puissance de la Chine, qui cherche à affirmer sa suprématie militaire en Asie. « La plus grande partie de l’arsenal chinois est composée de missiles de portée intermédiaire et nous devons nous assurer que nous avons les mêmes capacités si par malheur nous devions entrer en conflit avec eux un jour », a souligné Mark Esper.

Washington a promis de ne pas déployer de nouveaux missiles nucléaires en Europe, mais n’a fait aucune promesse sur le déploiement d’armes conventionnelles.

Contrer la Chine

Les nouvelles technologies permettent en effet de développer des armes de portée intermédiaire beaucoup plus précises qu’il y a 30 ans, explique l’ex-ambassadeur William Courtney, aujourd’hui expert au centre de réflexion indépendant Rand Corporation. « La technologie a tellement changé que ça les rend militairement attirantes », explique ce spécialiste du désarmement.

Et pour Thomas Mahnken, du centre d’études stratégiques de l’université Johns Hopkins, les Etats-Unis doivent maintenant déployer ces missiles conventionnels de moyenne portée dans des îles du Pacifique et sur des territoires de pays alliés pour contrer la montée en puissance de Pékin dans la mer de Chine méridionale, où l’armée chinoise s’est emparée de plusieurs îles disputées.

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