ARMEE – Trois bâtiments de guerre ukrainiens manœuvrant dangereusement dans les eaux territoriales russes ont été capturés, après avoir refusé de quitter la zone. Blessés, trois militaires ukrainiens ont reçu de l’aide médicale. Leur vie n’est pas en danger.
La situation restait tendue et confuse, lundi 26 novembre au matin,aux abords du détroit de Kertch, qui délimite les eaux de la mer d’Azov et celles de la mer Noire. A la tombée du jour, dimanche, des hélicoptères et des avions de combat russes étaient encore visibles au-dessus du pont de Kertch, entre la Crimée et la Russie, zone où des incidents graves se sont produits entre les marines ukrainienne et russe. A l’aube, lundi, les Russes ont toutefois enlevé le pétrolier qu’ils avaient disposé sous les arches du pont et annoncé la réouverture de la navigation dans le détroit. La marine ukrainienne a été placée en état d’alerte.
Toute la journée de dimanche, les communiqués successifs de la marine ukrainienne ont fait état d’une escalade et d’un face-à-face entre plusieurs navires de guerre russes et ukrainiens. Celui-ci s’est soldé par des tirs de la marine russe sur trois bateaux ukrainiens. Mis hors de combat, ceux-ci ont ensuite été capturés par des commandos du FSB, les services de sécurité russes qui ont la charge de la protection des frontières. Selon Kiev, six de ses marins auraient été blessés et vingt-trois capturés dans ces violences, les plus graves dans cette zone où la tension n’a cessé de monter ces derniers mois.
Le président ukrainien, Petro Porochenko, a dénoncé « un acte agressif de la Russie visant une escalade préméditée » et réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), imité un peu plus tard par la partie russe. Cette réunion devait se tenir lundi en fin de matinée à New York.
A l’issue d’une réunion de son conseil de guerre, M. Porochenko a demandé au Parlement d’envisager l’introduction de la loi martiale. Cette mesure aurait potentiellement pour effet une rupture des relations diplomatiques avec la Russie, l’instauration de l’état d’urgence, voire le report du scrutin présidentiel de mars 2019 pour lequel il est en grande difficulté.

Les trois bateaux ukrainiens, le Berdiansk, le Nikopol et le Yany Kapu, ont «tenté de mener une autre action illégale à 19h (heure locale)», selon le FSB.
Des avions Soukhoï Su-25 russes ont patrouillé dans la zone après l’incident.
Auteur: RT France
Une «provocation», selon Moscou
«Il existe des preuves irréfutables de la préparation et de la mise en œuvre par Kiev d’une provocation de la Marine ukrainienne dans les eaux de la mer Noire. Ces informations seront bientôt rendues publiques», a affirmé le FSB dans un communiqué, après l’incident.
Plus tôt ce même jour, Moscou, qui a déploré les «actions dangereuses et irresponsables» de la partie ukrainienne, avait déployé un navire au niveau du pont de Crimée afin de faire obstacle et d’empêcher les bâtiments de guerre ukrainiens de progresser.
Auteur: RT France
Porochenko veut déclarer la loi martiale
Le président ukrainien Petro Porochenko a pour sa part dénoncé un «acte agressif de la Russie visant une escalade préméditée» dans cette zone. Il a réuni dans la soirée un haut-comité militaire, proposant d’instaurer la loi martiale dans le pays pour 60 jours. Cette proposition doit désormais être soumise au Parlement ukrainien pour validation finale.
Les deux parties s’accusent mutuellement de violer la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. L’Ukraine assure avoir prévenu la partie russe de son intention d’envoyer des navires depuis Odessa vers le port de Marioupol, sur la côte nord de la mer d’Azov, ce que dément Moscou. Cette route passe par le détroit de Kertch.
Oana Lungescu, porte-parole de l’OTAN, a affiché son plein soutien à Kiev : «[L’Alliance atlantique] soutient totalement la souveraineté de l’Ukraine et son intégrité territoriale, y compris ses droits de navigations dans ses eaux territoriales.»
De son côté, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a écrit sur Facebook : «[Les autorités ukrainiennes] utilisent des méthodes de bandits : premièrement une provocation; ensuite l’exercice de la force et enfin, ils accusent les autres d’agression.»
Des images prises depuis un navire des gardes-frontières russes, montrent ces derniers prendre en chasse les navires ukrainiens ayant violé l’espace maritime russe. On peut également voir les bâtiments militaires ukrainiens manœuvrer à une distance dangereusement proche des bateaux russes.
Après l’incident, des manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade russe de Kiev, lançant des fumigènes par dessus les grilles.