Le Sénégal a offert un passeport diplomatique à un ressortissant Camerounais. Mais pas n’importe lequel, il s’agit de l’historien et philosophe camerounais Achille Mbembe, opposant acerbe au président Paul Biya depuis 36 ans au pouvoir.
Si la nouvelle a été accueillie par des personnalités comme l’écrivain Alain Mabanckou comme une reconnaissance, sur les réseaux sociaux sénégalais, les avis sont mitigés…
Pour Achille Mbembe Paul Biya a mis les ressources naturelles du pays sous sa coupe directe. À commencer par le pétrole, mais aussi d’autres minerais, ainsi que le bois. Il a instauré une forme de gouvernement de type concessionnaire qui lui permet de vendre presque à l’encan et directement aux multinationales les ressources du pays. C’est le cas avec Bolloré, Total et bien d’autres firmes, qu’elles soient françaises ou non.
En privatisant les ressources naturelles du pays, il est parvenu, avec ses affidés, à mettre la main sur l’essentiel des richesses nationales, qu’il redistribue à sa guise sans que quoi que ce soit ne passe par le budget national. En même temps, il laisse une marge de manœuvre relative à ses commissaires, qui puisent dans les caisses comme ils veulent… jusqu’au moment où, d’un coup de tête, il les relève de leurs fonctions ou les jette en prison. Il y a donc au Cameroun une sorte de « démocratisation », de décentralisation de la corruption, qui va de pair avec la privatisation systématique de tous les attributs de l’État. Ces éléments conjugués ont permis à Paul Biya de conserver le pouvoir parce que chacun y trouve son compte ou nourrit l’espoir que son tour viendra incessamment et qu’il n’y a, du coup, rien à bousculer. Il a placé la plupart de ses assujettis dans une position d’attente éternelle : tout le monde est aux aguets, dans l’attente d’une nomination.