Diffusée depuis quelques jours à la télévision française, la publicité de la marque de produits d’hygiène féminins Nana a fait l’objet de milliers de plaintes au CSA. Il y a peu de chance que l’autorité donne suite.
Viva la vulve. C’est le nom du dernier spot de la marque de serviettes hygiéniques Nana. Diffusée depuis quelques jours à la télévision française, cette publicité célèbre le sexe féminin avec des images explicites comme des fruits de mer, des origamis, des peluches ou encore des pâtisseries. On peut aussi y voir une serviette hygiénique maculée de sang rouge et non plus bleu, comme auparavant dans ces publicités.
La marque explique sur son site vouloir décomplexer les femmes sur leur anatomie. « Les vulves et les vagins sont au cœur de ce que nous faisons, et Nana souhaite profiter de sa position pour être plus direct et ouvert sur le sujet, explique la marque sur son site. Après tout, la honte et la gêne vis-à-vis de cette petite (mais incroyable) partie de notre corps peuvent avoir un impact très négatif sur la confiance en soi. »
Une communication directe qui n’a pas laissé indifférent. Sur Twitter par exemple les avis d’internautes sont partagés entre ceux qui saluent l’audace, ceux qui la trouvent un peu osée pour une heure de grande écoute et enfin ceux qui sont franchement choqués et en appellent au CSA.
Ceux qui sont choqués de la Pub Nana c’est quoi votre problème? 400 plaintes auraient été déposé au @csaudiovisuel . Vs venez de découvrir à quoi ressemble une vulve, et que le sang de règle n’est pas bleu ? Promis vous allez vous en remettre. Vive la France et vive les vulves.
La nouvelle pub Nana Vive la vulve franchement je suis pas du genre à me choquer de tout mais elle passe à des heures de grande écoute et même mon fils de 6 ans a bloqué dessus. De plus c est bon les femmes à poil ou montrer le sexe de la femme y en a marre tt pour vendre @TPMP
— MelisandeNoa (@NoaMeli02) October 8, 2019
Alors il y a les castratrices et puis il y a aussi celles qui cherchent à écœurer les mecs définitivement…
Cette pub Nana est absolument inadmissible. 🤮
A quand une publicité sur les glands qui puent ?😉#NANA #PubNana pic.twitter.com/aiy1vFlJo1— Sandrine Nani (@Sandrine_Nani) October 1, 2019
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel reconnaît d’ailleurs avoir été saisi. Selon nos informations, ce sont pour l’heure plus d’un millier de demandes qui lui sont parvenues via le formulaire sur son site, les appels téléphoniques et les courriers. Un chiffre toutefois à relativiser au regard des millions de téléspectateurs qui ont déjà vu la publicité. Cinq millions de téléspectateurs étaient selon Médiamétrie devant TF1 le 23 septembre dernier à 21h lorsqu’a été diffusé le spot. Des séquences comme certains sketchs de Cyril Hanouna ont par exemple été bien plus signalées (plus de 20.000 saisines pour un sketch jugé homophobe en 2017).
S’il faut relativiser les plaintes au CSA pour cette publicité, que va faire l’autorité? Comme il l’explique sur Twitter, le CSA n’a pas un pouvoir de « censure » a priori d’un contenu diffusé à la télévision. Et pour les publicités, c’est l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) qui peut exiger le retrait d’un spot qui contrevient à la loi.
Nous sommes régulièrement interpellés par les téléspectateurs/internautes sur la question « le @CSAudiovisuel peut-il censurer un contenu ? ».
Attention #spoil : NON
Voici pourquoi🔻 #thread pic.twitter.com/Fi1Dcgmyn7
— CSA (@csaudiovisuel) October 9, 2019
Le CSA n’a pas le pouvoir de faire cesser la diffusion d’un programme, ni même d’un spot de pub. Il peut en revanche indiquer aux éditeurs qui le diffusent par une mise en garde ou une mise en demeure que la diffusion de la publicité est jugée illégale. C’est ce que le Conseil a fait en décembre 2018 pour une publicité pour le service de test ADN MyHeritage, un service interdit en France, qui avait été diffusée sur les chaînes BFMTV, CNews et LCI.
En revanche, saisi par de nombreux spectateurs au sujet de la diffusion jugée trop fréquente des publicités pour les régimes Comme j’aime, le CSA a estimé cet été qu' »aucune disposition ne s’oppose à ce qu’une publicité soit diffusée de manière intensive sur les antennes ».
En ce qui concerne le spot de Nana, il n’y a a priori rien d’illégal dans ce qui est montré ou suggéré.