La prix Nobel de la paix 2018, Nadia Murad a dû s’y reprendre à deux fois pour expliquer au président américain pourquoi elle avait été distinguée.
Venue plaider la cause des Yazidis d’Irak auprès du maître de la Maison-Blanche, la prix Nobel de la paix 2018 Nadia Murad s’est rendue compte, ce mercredi 17 juillet à Washington, que Donald Trump ne la connaissait pas vraiment, pas plus que son histoire ou celle de son peuple.
Nadia Murad, qui a fait partie des milliers de femmes et de petites filles yazidies enlevées et réduites à l’esclavage par le groupe Etat islamique (EI) lorsqu’il s’est emparé de pans entiers de l’Irak en 2014, se trouvait dans le bureau Ovale avec un groupe de personnes ayant survécu à la persécution religieuse, venues rencontrer Donald Trump en marge d’une grande rencontre au département d’Etat.
« Ils vous l’ont donné pour quelle raison ? »
Alors que Nadia Murad racontait comment sa mère et ses six frères avaient été tués et précisait que 3 000 Yazidis restaient portés disparus, le président américain lui a dit : « Et vous avez eu le prix Nobel ? C’est incroyable. Ils vous l’ont donné pour quelle raison ? »
Après une courte pause, Nadia Murad, qui partage son Nobel avec le Congolais Denis Mukwege, a répété son histoire.
« Après tout ce qui m’est arrivé, je n’ai pas baissé les bras. Je dis clairement à tout le monde que l’EI a violé des milliers de femmes yazidies. S’il vous plaît, faites quelque chose. Ça ne concerne pas qu’une seule famille. »
« Je connais très bien la région »
Le président républicain a en outre paru complètement perdu quand la jeune femme lui a demandé de presser les gouvernements irakien et kurde de créer les conditions nécessaires au retour des Yazidis chez eux.
« Mais l’EI est parti et maintenant c’est les Kurdes et qui ? », a demandé Donald Trump. Avant d’affirmer un peu plus tard : « Je connais très bien la région. »
Le président américain ne semblait pas non plus familier des questions liées aux Rohingyas lorsqu’il a rencontré, à la même occasion, un représentant de cette minorité musulmane visée par une répression meurtrière il y a deux ans en Birmanie, assimilée par des enquêteurs de l’ONU à un « génocide ».
Pourtant, la veille, son administration avait annoncé des sanctions à l’encontre du chef de l’armée et de trois autres responsables militaires birmans pour le « nettoyage ethnique » des Rohingyas.
Le gouvernement de Donald Trump parle souvent de la nécessité de promouvoir la liberté religieuse, une affaire cruciale pour beaucoup au sein de ses partisans chrétiens évangéliques.