EFFONDREMENT – Deux immeubles se sont effondrés rue d’Aubagne, dans le centre-ville de Marseille, ce lundi matin. Les secours sont à pied d’oeuvre pour rechercher d’éventuelles victimes. Neuf personnes, habitants et passants, manquent à l’appel. Suivez la situation en direct.
Ce que l’on sait :
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Si le bilan en reste à deux blessés légers, ce serait miraculeux. » Après avoir inspecté une partie de l’immense tas de gravats consécutifs à l’effondrement ce lundi matin de deux immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille, ce marin-pompier résumait l’état d’esprit des sauveteurs qui avaient mobilisé une centaine d’hommes et des équipes cynophiles à la recherche d’éventuelles victimes.
Car si l’un de ces deux immeubles du quartier central de Noailles, derrière la Canebière, haut de quatre étages, était frappé d’un arrêté de péril et était officiellement muré et vide, le second, haut de cinq étages, abritait une douzaine d’occupants. Mais impossible de savoir si à 9 heures, quand « un grand craquement a été suivi d’un nuage de poussière », selon un voisin, des résidents se trouvaient à l’intérieur. Les images de la vidéoprotection de cette rue montrent également deux passants s’engager devant les immeubles du 63 et du 65 juste avant l’effondrement qui a amené des blocs de façade jusque sur le trottoir.
LE TEMPS VIENDRA DE FAIRE TOUTE LA LUMIÈRE »
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, se montre pour le moins pessimiste quant à la suite des opérations : « Il y a peu de chances de trouver des poches de survie ces prochaines heures. Je suis peu optimiste sur la situation ». Il a rappelé que « toute la lumière » sera faite sur ce drame.
Renaud Muselier, président de la région Paca, a expliqué au micro de BFMTV ce lundi soir que sept personnes habitant au numéro 65 de la rue d’Aubagne manquent toujours à l’appel plusieurs heures le drame. « Cent familles ont été sorties de la zone et ont été mises à l’hôtel ou sont allées chez des amis.
Mais dans l’immeuble du numéro 65, il y avait cinq étages, des appartements qui étaient vides, d’autres qui étaient pleins, et dans ces appartements pleins, sept personnes manquent à l’appel », a détaillé Renaud Muselier.
« Les chiens n’ont pas trouvé de piste, les drones n’ont pas réagi, donc on peut avoir un peu d’espoir, mais pour autant c’est inquiétant », a ajouté le président de région.
« Ce qui compte c’est que l’on trouve le moins de morts possible… mais nous pensons qu’il y en aura », estimait sur place Jean-Claude Gaudin, le maire (LR) de la ville. Le premier immeuble effondré appartenait à Marseille-Habitat, la société d’économie mixte de la ville. Selon l’adjointe au logement, Arlette Fructus, ses services vérifiaient régulièrement qu’il n’était pas squatté. Toujours selon la mairie, le second bâtiment, une copropriété, avait fait l’objet, le 18 octobre, d’une expertise des services qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants.
«On risque l’effet domino sur toute la rue»
« Il y a de possibles victimes, mais aucune certitude », reconnaissait également Pierre Dartout, le préfet des Bouches-du-Rhône. « Il faut enlever les gravats doucement car ils soutiennent l’immeuble voisin. » En fin d’après-midi, après son évacuation, ce troisième immeuble s’écroulait à son tour après avoir été touché par une grue des pompiers.
Lundi soir, alors que les premières recherches n’avaient rien donné et que les chiens n’avaient marqué aucun arrêt, les secours se préparaient à poursuivre toute la nuit leurs inspections pour détecter de potentielles victimes. Des travaux délicats alors que ce sont les bâtiments de tout un pan de cette rue étroite et en pente qui ont été déstabilisés par cette suite d’éboulements.
« Ce bâtiment, cela faisait des semaines qu’il tombait en morceau sur la rue. Tout le monde sait que tout le quartier est vétuste, je suis abattue mais pas surprise », déplorait Sandy, une voisine sortie de chez elle après avoir entendu le bruit. « La mairie avait été prévenue, mais rien n’a été fait. Maintenant, on risque l’effet domino sur toute la rue. »
Un quartier populaire
Une étude sur ce quartier populaire qui brasse une forte population d’origine immigrée avait montré en début d’année que 48 % des immeubles de Noailles peuvent être considérés comme du bâti indécent ou dégradé, dont 20 % en dégradation avancée, en procédure d’insalubrité ou de péril. Les habitants évacués ont été pris en main par la mairie de secteur qui devait leur trouver des logements d’urgence.
Alors que Christophe Castaner était attendu sur place ce lundi soir, les élus de l’opposition marseillaise n’ont pas voulu lancer de polémique dans l’attente de la fin des opérations de secours. Néanmoins, Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille, a dénoncé le fait que « ce sont les maisons des pauvres qui tombent, et ce n’est pas un hasard », regrettant « une drôle d’odeur de désinvolture et d’indifférence à la pauvreté ».
Des associations comme le collectif « Marseille en commun » dénoncent une « politique de pourrissement des quartiers populaires de la ville qui tourne aujourd’hui au drame ».