L’ambassade américaine dans la capitale indienne a enregistré dimanche une concentration de 810 microgrammes de particules fines PM2,5 par mètre cube d’air, soit un taux plus de trente-deux fois supérieur aux recommandations.
Impossible de voir à plus de quelques dizaines de mètres. Un épais brouillard de pollution s’est abattu sur New Delhi, dimanche 3 novembre, plongeant ses 20 millions d’habitants dans un vaste nuage irrespirable. Faute de visibilité, les compagnies Air India et Vistara ont été obligées de dérouter leurs vols vers d’autres aéroports voisins. « La pollution a atteint des niveaux insupportables », a déploré dimanche sur Twitter le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal.
La situation à Delhi relève en effet du cas d’école. L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 microgrammes de particules fines PM2,5 par mètre cube d’air en moyenne journalière. Dimanche, l’ambassade américaine à New Delhi a enregistré une concentration de 810 microgrammes par mètre cube d’air, soit un taux plus de trente-deux fois supérieur aux recommandations.
Chaque année, la mégalopole indienne est touchée par des épisodes très violents de pollution de l’air, dus à la fois à la circulation automobile, aux rejets industriels et aux fumées des brûlis agricoles qui battent leur plein dans les régions voisines. L’épisode de ce week-end a été aggravé par de légères précipitations samedi soir, a confirmé l’agence indienne surveillant la qualité de l’air (Safar).
« Les yeux brûlent. La pollution en est à ce point »
Le pic de ces jours-ci est l’un des plus violents épisodes de pollution atmosphérique qu’a connu la mégapole ces dernières années, souvent qualifiée par des responsables indiens de « chambre à gaz ». « Il y a de la fumée partout et les gens, y compris les jeunes, les enfants et les personnes âgées, ont du mal à respirer », a déclaré le chef de l’exécutif local, Arvind Kejriwal, dans une vidéo postée dimanche sur son compte Twitter. « Les yeux brûlent. La pollution en est à ce point », a-t-il ajouté.
La circulation alternée est entrée en vigueur ce lundi dans la ville, jusqu’au 15 novembre. Les véhicules ne peuvent rouler qu’un jour sur deux selon que leur plaque d’immatriculation finit par un chiffre pair ou impair. Les experts sont très circonspects sur l’efficacité de ce dispositif, utilisé plusieurs fois depuis 2016, notamment en raison des très nombreuses exemptions, pour les deux-roues ou pour les conductrices par exemple. Les autorités ont ordonné vendredi la fermeture des écoles et l’arrêt des chantiers jusqu’à mardi à Delhi et sa région. Le gouvernement local distribue aussi des masques de protection aux écoliers.
Une quarantaine d’avions détournés
À 10 heures, heure locale (4h30 GMT), l’ambassade américaine à New Delhi enregistrait une concentration de particules fines PM2,5 de 469 microgrammes par mètre cube d’air. En comparaison, le niveau de Paris au même moment était de 6. L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser une concentration de 25 en moyenne journalière. D’un diamètre égal au trentième de celui d’un cheveu humain, les particules fines en suspension peuvent s’infiltrer dans le sang à travers les poumons.
Une exposition à long terme aux PM2,5 accentue les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons. Chaque année au début de l’hiver, une conjonction de facteurs naturels (froid, vents faibles…) et humains (brûlis agricoles, émissions industrielles et automobiles, feux pour se réchauffer…) rend irrespirable l’air de New Delhi. Le brouillard de pollution était si dense dimanche qu’une quarantaine d’avions ont dû être détournés de l’aéroport de la capitale, des centaines de vols ont été retardés.