Alors que ses adversaires occupent tardivement le terrain politique, Macky Sall a d’autres préoccupations d’ordre social, avec ce thermomètre qui ne cesse de monter. Acculé de toutes parts, le chef de l’Etat semble actuellement en mal de popularité. Au moment où son plus redoutable adversaire le pilonne aux quatre coins du Sénégal, sans répit.
Des dossiers aussi brûlants que le pétrole et le gaz sont évoqués sur la place publique, et les relations avec la Mauritanie cachent beaucoup de non-dits sur les accords tenus jusque-là secrets. A cela s’ajoutent la grogne des syndicats d’enseignants et la colère des paysans suite à l’échec de la campagne arachidière. Côtoie ces problèmes, l’épineuse question du chômage des jeunes et la dégradation continue du système scolaire et universitaire. Donc, un sombre tableau pour un Président, à moins d’un an d’une présidentielle cruciale pour son avenir politique et ses ambitions sur la scène internationale. Voilà que tous les ingrédients sont réunis pour une non- réélection. Et paradoxalement, ce sont ses adversaires qui lui fourniront les munitions pour les battre.
Deux sommités de l’échiquier politique le cernent. Il s’agit de Karim Meïssa Wade et de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck. Un duo de rêve pour l’électorat sensible et ceux qui prient pour la défaite de Macky Sall au soir du 24 février 2019. Et c’est là toute l’équation. Il existe un problème d’égo entre le fils de Wade et Idrissa Seck. Encore que pour les « Karimistes » et une bonne partie du Pds, il est hors de question de se ranger derrière qui que ce soit et surtout pas derrière le leader de Rewmi. Un côté jardin qui masque un côté cour. En vérité, le Président Sall garde encore des bastions solides de l’électorat. Presque toute la partie nord est dans ses poches, à l’exception de Podor où la lionne Aïssata Tall Sall lui donne encore des insomnies. Il a aussi l’avantage du pouvoir et un organisateur des élections qui a déjà tracé la voie de sa réélection, et aussi cette puissance coloniale qui lui a assuré un second mandat. De réels arguments qui ont leur pesant d’or sur la balance.
Cependant, une présidentielle n’est jamais gagnée d’avance et les discours de victoire « dès le premier tour », s’il faut les ranger dans le lot des épices de la politique, semblent être une foi pour les partisans du Président Sall. Maintenant, reste à savoir si ses chances d’arriver en tête dès le premier tour, s’accompagneront d’un score suffisant pour un retour au palais. Car si le contraire se produit…
Pape Amadou Gaye