Selon les informations de Mediapart, Nasser al-Khelaïfi a été placé sous le statut de « témoin assisté » dans l’enquête judiciaire sur l’attribution des championnats du monde d’athlétisme au Qatar. Une société détenue conjointement par le patron du PSG et son frère a versé, en 2011, 3,5 millions de dollars au fils du président de la Fédération internationale d’athlétisme.
Soupçonné de corruption dans plusieurs affaires en lien avec l’IAAF, mais aussi dans des procédures d’attribution des Jeux olympiques, Papa Massata Diack fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en 2017 par la justice française, qui mène une vaste enquête judiciaire au sujet de Diack père et fils. Installé à Dakar, PMD n’a jamais répondu aux convocations des magistrats. Selon nos informations, Oryx QSI est totalement distincte du fonds souverain Qatar Sports Investments (QSI), présidé par Nasser al-Khelaïfi, qui possède notamment le PSG et la chaîne de télévision BeIn Sports. Il s’agit d’une société immatriculée au Qatar et détenue à 50-50 par Nasser al-Khelaïfi et son frère Khalid.
C’est donc avec de l’argent issu d’une société personnelle du patron du PSG, lui appartenant pour moitié, que Papa Massata Diack a été rémunéré, juste avant le vote du 11 novembre 2011 qui a attribué les mondiaux d’athlétisme 2017. Le Qatar a perdu au détriment de Londres, mais a obtenu par la suite l’organisation de l’édition 2019. Contacté par Mediapart, l’avocat de Nasser al-Khelaïfi, Francis Szpiner, s’est refusé à tout commentaire. Le conseil de Papa Massata Diack, Jean-Yves Garaud, n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.
Face au juge Van Ruymbeke, Nasser al-Khelaïfi a assuré qu’il ignorait tout de ce paiement, dont il aurait appris l’existence « il y a quelques jours » seulement. Il affirme que s’il possède bien la moitié des parts de la société, son frère Khalid en est le directeur général et « la seule personne ayant le pouvoir de signature » : « Je n’ai pas la signature et je ne peux pas engager la moindre dépense. » « Ce business a été créé par mon frère en qui j’ai toute confiance. Il s’occupe de mon business et de celui de ma famille », a-t-il précisé. Nasser al-Khelaïfi explique que son frère est, tout comme lui, « un joueur de tennis » mais aussi « un coach », et qu’il « connaît lui aussi Son Altesse l’émir ». Le 4 août 2011, le Qatar obtient l’accord du président de l’IAAF, Lamine Diack, pour organiser ces deux compétitions en septembre et en octobre.
Le 5 septembre, Doha annonce officiellement sa candidature aux mondiaux d’athlétisme. Le 4 octobre, une délégation IAAF visite les sites potentiels de la compétition à Doha. Deux jours plus tard, le 6 octobre, le fils de Lamine, Papa Massata Diack, écrit un courriel, révélé par The Guardian, à un Qatari qu’il appelle « cheikh Khalid », pour lui envoyer un document « qu’Oryx QSI avait demandé », et qui prouve qu’il est bien le « consultant marketing de l’IAAF » pour commercialiser les droits télé des mondiaux. Selon The Guardian, Papa Massata Diack réclame dans le même courriel 5 millions de dollars, dont une partie en cash : « Vous trouverez ci-joint les coordonnées bancaires pour le transfert de 4,5 millions de dollars qui doit être effectué comme convenu. Le solde de 440 000 doit rester à Doha en cash, j’irai le chercher la prochaine fois que je viendrai. » Le « cheikh Khalid » à qui écrit Papa Massata Diack est-il Khalid al-Khelaïfi, le frère de Nasser et directeur général d’Oryx QSI ? « Non, ce n’est pas mon frère.
Le titre cheikh est réservé aux membres de la famille royale », a répondu Nasser al-Khelaïfi au juge Van Ruymbeke. Reste que selon The Guardian, le mail fait explicitement référence à Oryx QSI. De plus, selon nos informations, le numéro du compte mentionné dans le courriel est exactement le même que celui qui figure dans le contrat d’achat des droits télé par Oryx QSI : il s’agit du compte sénégalais de Pamodzi Sport Consulting, la société de Papa Massata Diack.