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La condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics, prononcée le 31 mars 2025, n’a pas laissé la presse internationale indifférente. De nombreux journaux étrangers, notamment européens, scrutent ce jugement qualifié d’ »explosif » par le Financial Times. La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale a été condamnée à deux ans de prison ferme et à une inéligibilité de cinq ans, une sanction applicable immédiatement qui pourrait compromettre sa participation à l’élection présidentielle de 2027.

Une décision saluée, mais critiquée

Lors de son intervention sur TF1, Marine Le Pen a déploré « une journée sombre pour la démocratie ». Pourtant, plusieurs médias étrangers estiment que la justice a agi avec impartialité. Le quotidien britannique The Guardian loue « le courage de la justice française, qui refuse tout passe-droit aux puissants et toute impunité liée à une candidature ». De son côté, le belge Le Soir défend l’idée que cette inéligibilité n’est pas une atteinte à la démocratie, mais une illustration de l’indépendance judiciaire dans un système équilibré. Le Financial Times ajoute que « les juges ont rempli leur devoir en imposant des standards éthiques aux élus ».

Cependant, des voix dissidentes se font entendre. Le tabloïd russe Moskovski Komsomolets, proche du pouvoir, dénonce une décision « dépourvue de tout signe de démocratie », pointant du doigt une prétendue hypocrisie des élites européennes. Au Royaume-Uni, The Spectator, magazine conservateur, déplore une « ingérence judiciaire » qui pourrait priver les Français d’un choix électoral majeur, alors que Marine Le Pen caracole en tête des sondages. « La France est-elle encore une démocratie ? », s’interroge même l’hebdomadaire.

Une arme à double tranchant ?

Si le New York Times salue une France « attachée à l’État de droit », il s’inquiète des répercussions politiques. « Comment la Ve République, déjà fragilisée, encaissera-t-elle les vagues de contestation d’ici 2027 ? », écrit le journal. Pour The Economist, cette condamnation risque de renforcer le discours antisystème de Marine Le Pen, alimentant le sentiment d’un establishment hostile parmi ses électeurs. L’allemand Der Spiegel va plus loin : « C’est la pire manière d’écarter Marine Le Pen. Elle et son parti se posent déjà en martyrs d’une élite politico-judiciaire. » Le parallèle avec Donald Trump est fréquent : le Financial Times prédit qu’elle « jouera la carte de la victime d’un complot, galvanisant ses soutiens et séduisant les déçus d’Emmanuel Macron ».

Vers un RN sans Le Pen ?

Marine Le Pen a annoncé son intention de faire appel. En attendant, le RN doit envisager un avenir sans sa figure historique. Pour l’espagnol El Pais, ce verdict marque un tournant : après avoir rompu avec ses racines extrémistes et exclu Jean-Marie Le Pen, le parti pourrait perdre le dernier symbole de sa dynastie. La Repubblica italienne conclut : « Le nom Le Pen pourrait bientôt cesser de dominer la politique française », une première depuis 1988.

By Didier Bureau

Didier Bureau, natif de Nantes et docteur en lettres modernes de la Sorbonne, a enseigné la littérature française pendant vingt‑cinq ans au lycée Victor Hugo de La Rochelle. Depuis 2018, il exerce comme journaliste culturel — collaborant avec Ouest‑France, Sud Ouest et La Nouvelle Revue Française — et a publié en 2020 son recueil d’essais salué « Regards obliques sur la modernité ». Auteur du blog littéraire « Les Marges du Texte » (15 000 abonnés), il partage aujourd’hui son temps entre La Rochelle et le Marais poitevin, où il prépare une enquête sur les bibliothèques privées de l’ouest français.

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