Malawi, Corée du Nord, Yémen, Soudan du Sud … Ces « dictatures » sont-il vraiment épargnés par le coronavirus ?

Alors que le monde lutte contre le coronavirus, une dizaine de pays n’ont déclaré aucun patient testé positif. Ils sont trois en Asie et huit en Afrique à se dire, pour l’instant, « préservés ». La réalité pourrait être tout autre.

Les Comores font partie de ce lot des rares pays africains à n’avoir encore fait état d’aucun patient atteint du coronavirus. Mais comment peut s’expliquer cette présumée absence de tests positifs au virus dans cet archipel situé dans l’océan Indien entre Madagascar et le Mozambique ? Le Dr Abdou Ada, un généraliste de Moroni, se demande si ce n’est pas lié au traitement de masse à base d’artémisine utilisé aux Comores contre le paludisme. « Je me permets de croire que le traitement antipaludéen de masse explique le fait que les Comores sont, pour l’instant du moins, épargnées par le Covid-19. Il s’agit d’une conviction personnelle qu’il faut confirmer scientifiquement », déclare-t-il auprès de l’AFP. 

Le Burundi « protégé » par la grâce de Dieu

Au Burundi, les autorités, qui préparent des élections générales en mai, avancent une autre théorie. Du moins jusqu’à l’annonce des deux cas premiers cas mardi 31 mars. Elles affirmaient que l’intervention divine avait permis au pays d’Afrique de l’Est d’échapper au Covid-19. « Le gouvernement remercie le bon Dieu tout puissant qui a protégé le Burundi », déclarait lors d’une allocution télévisée son porte-parole Prosper Ntahorwamiye. Il avait aussi dénoncé « les mauvaises langues ou certains oiseaux de mauvais augure qui propagent différentes rumeurs » prétendant que le pays n’est pas capable de procéder à des tests et que le virus y est déjà présent.

Si quelques mesures ont été prises, comme la suspension la semaine dernière des vols internationaux, plusieurs professionnels de santé ne cachaient pas leur inquiétude. « Il y a zéro cas au Burundi, car il y a eu zéro test jusqu’ici », affirmait à l’AFP un médecin burundais. Car jusqu’alors l’absence de cas est sans doute liée à la faiblesse des moyens mis en oeuvre pour le dépistage. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti, dès le 22 février dernier, que les systèmes de santé en Afrique étaient mal équipés pour affronter la pandémie, si des cas apparaissaient et se multipliaient sur le continent. Elle assurait que le défi pour les pays africains est aussi de développer les capacités à procéder à des tests de dépistage.

Un manque de moyens pour détecter les malades

Or, les craintes de l’OMS semblent avérées. Notamment à Sao Tomé-et-Principe. L’archipel, situé dans l’océan Atlantique, n’est pas en mesure de mener des tests, a indiqué Anne Ancia, la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le pays. Toutefois, « nous continuons nos préparations », a-t-elle ajouté, alors que l’État insulaire proche de la ligne de l’équateur ne compte que quatre lits de réanimation pour 200.000 habitants. Pour empêcher le virus de se propager sur le territoire, les frontières ont été fermées et une centaine de personnes de retour de pays sensibles ont été placées en quarantaine. 

Dans une situation similaire, le Lesotho, entré lundi en période de confinement national de 25 jours, même s’il n’a recensé pour l’heure aucun cas positif au coronavirus. Le petit royaume d’Afrique australe d’un peu plus de 2 millions d’habitants n’avait jusqu’à la semaine dernière ni tests, ni centre de dépistage… Il a reçu le 26 mars ses premiers kits fournis par le milliardaire chinois Jack Ma. Les autorités ont rapporté 8 cas suspects. Les résultats sont attendus très prochainement. 

La vague de Covid-19 paraît inéluctable

Contrairement à ses homologues africains, le gouvernement du Malawi assure que s’il n’a enregistré aucun cas, ce n’est pas parce qu’il n’est pas capable de procéder à des tests de dépistage. « Nous avons des tests et nous testons », affirme le porte-parole du ministère de la Santé Joshua Malango. La docteur Bridget Malewezi déclare à l’AFP que même si le pays n’est « pas prêt à 100% », il se prépare en vue de l’arrivée du virus, qu’elle juge inéluctable. « La plupart des gens pensent que ça arrivera ici aussi à un moment ou un autre », estime-t-elle. Le Malawi a par ailleurs demandé aux personnes arrivant de l’extérieur de se mettre d’eux-mêmes en quarantaine, ce qui a aidé le pays « à se protéger ». Une manière de se calfeutrer face au virus. 

Plus prosaïquement, au Soudan du Sud, le docteur Angok Gordon Kuol, un des responsables de la lutte contre le virus au ministère de la Santé, juge que, si aucun cas n’a été enregistré, c’est parce qu’il n’a « pas un fort trafic aérien ». Cela n’a pas empêché le pays de se calfeutrer en fermant les écoles, les commerces non-essentiels et en interdisant les événements sportifs, politiques et religieux. Mais incapable de boucler de manière étanche ses frontières, il s’attend à être touché. Les gens « peuvent traverser ces frontières et nous nous attendons à avoir des cas », prévient Gordon. Dans un des Etats les plus pauvres au monde, qui peine à sortir d’une guerre civile débutée en décembre 2013, le gouvernement ne cache pas manquer d’à peu près tout pour lutter contre le Covid-19. Les 500 tests possibles au maximum pourraient se révéler dérisoires face à la vague. 

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